(Hommage posthume) – Adieu au journaliste Idrissa Seydou Dia : quand la voix de l’Amérique retrouve la terre de Saint-Louis

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Dakar, 10 déc. 2025 (VIBRACTU) – Jeudi matin, dès 7h, la dépouille d’Idrissa Seydou Dia arrivera à l’aéroport international Blaise-Diagne. À peine le tarmac foulé, son corps reprendra la route vers Saint-Louis, sa ville natale, son port d’attache, celle où tout avait commencé. Un retour empreint de solennité, où chaque kilomètre semblait ramener un morceau de son histoire vers la terre qui l’avait vu naître.
L’inhumation se déroulera l’après-midi, dans cette ville qu’il n’a jamais cessé de porter dans son cœur.

Ainsi s’ouvre le dernier chapitre d’une vie longue, riche et lumineuse. Idrissa Seydou Dia s’est éteint le jeudi 4 décembre 2025, à Washington, aux États-Unis, après un parcours exceptionnel qui l’avait mené des studios de Radio-Sénégal aux prestigieux locaux de la Voix de l’Amérique.
Déjà retraité, il avait quitté la VOA après 54 années de service continu. Un record, un héritage, une trajectoire impressionnante qui force l’admiration.

Dans les années 1970, on le découvrait jeune journaliste à Radio-Sénégal. Dès ses premiers bulletins, sa voix s’imposait : posée, grave, unique.
Une voix qui avait la finesse des grands narrateurs et la chaleur de ceux qui aiment profondément leur métier. Très vite, elle devint une signature. Une empreinte sonore qui hypnotisait autant qu’elle informait.

C’est cette même voix, d’ébène et de velours, qui allait lui ouvrir les portes de la Voix de l’Amérique, où il deviendra l’un des premiers journalistes francophones de la maison.

De Washington, il parlera au monde. Il couvrira des événements majeurs, interrogera des personnalités politiques de premier plan, dont l’ancien président sénégalais Macky Sall, et deviendra au fil des ans l’un des piliers de la rédaction.

On le décrivait comme un professionnel méticuleux, attaché à l’éthique, à l’exactitude, à la dignité du métier. Travailler avec lui, disaient ses collègues, c’était se rapprocher de la définition même du journalisme.

Mais Idrissa Dia, c’était aussi l’homme derrière la voix. Un passionné de musique, un amoureux de jazz et de blues. Avec son complice Roger Guy Folly, il savait transformer l’antenne en parenthèse mélodieuse, faire voyager son public d’une note à l’autre, d’une voix américaine à une autre.
Car pour lui, informer ne suffisait pas : il fallait aussi transmettre, partager, toucher.

Jeudi, son dernier voyage vers Saint-Louis n’est pas seulement un acte symbolique. C’est le retour d’un fils à sa terre, d’une voix à son silence, d’un homme à son origine.

Cette boucle qui se referme raconte mieux que n’importe quel discours la fidélité, l’humilité et l’enracinement d’Idrissa Seydou Dia. Malgré les décennies passées à Washington, il n’a jamais cessé d’être saint-louisien, profondément, intensément.

Son départ laisse un vide immense dans le paysage médiatique francophone. Les microphones resteront orphelins de son timbre chaud. Les jeunes journalistes, eux, garderont l’exemple d’un maître. Et les auditeurs, les plus fidèles, se souviendront longtemps de cette voix qui, pendant plus d’un demi-siècle, les a accompagnés, rassurés, éclairés.

En cette douloureuse circonstance, la rédaction de VIBRACTU, par ma voix, rend hommage non seulement à un journaliste, mais à une école, à une signature, à une âme.
Que la terre de Saint-Louis lui soit légère.
Et que son écho, lui, continue de traverser les générations.

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