À Dakar, tout le monde connaît les « Pak Lambaye » : ces vendeurs qui recyclent, lustrent et revendent invariablement à prix d’or des produits achetés à vil prix. Toujours en mouvement, toujours armés d’un sourire et d’un argument, ils ont la réputation de ne jamais se faire avoir, quitte à ce que ce soit le client qui reparte avec un produit de qualité douteuse, persuadé d’avoir fait la meilleure affaire.
Ou bien tu arrives avec ton objet de valeur, convaincu de pouvoir en tirer un bon prix. Mais devant eux, la valeur de ton bien fond comme beurre au soleil. Car là-bas règnent ces marchands de génie, ces stratèges de la négociation qui connaissent tous les rouages de la transaction.
Ils savent minimiser, dévaloriser, user de mille astuces pour te persuader que ce que tu tiens n’est pas si important. Résultat : tu finis par céder à un prix dérisoire. Et même si ton cœur est meurtri, même si tu sais que tu as perdu dans la balance, tu n’as pas le choix. La règle est claire : au « Pak Lambaye », c’est toujours celui qui vient qui rentre en pleurs, et le “Pak” qui jubile.
Le FMI fonctionne exactement de la même manière.
Quand le Sénégal se présente devant lui, c’est comme ce vendeur au « Pak Lambaye ». Le pays arrive avec ses efforts : plans de redressement, réformes budgétaires, sacrifices sociaux, engagements à honorer ses dettes. Mais face au FMI, tout cela est minimisé, relativisé, rendu presque insignifiant.
« Oui, vous êtes de bons élèves », dit-on. « Oui, vous avez fait des efforts », ajoute-t-on. Mais quand il s’agit des conditions de prêt, rien ne change. Les taux restent fermes, les exigences immuables, les réformes imposées inévitables. Comme au « Pak Lambaye », tu n’as pas le choix que d’accepter : vendre ton avenir pour une bouchée de pain, en te consolant avec l’idée que tu as au moins obtenu quelque chose.
Eh bien, mes amis, le FMI, c’est le « Pak Lambaye » version internationale.
Sauf qu’ici, on ne porte pas des sandales et un grand boubou… Il est en costume trois pièces, avec un badge et un PowerPoint. Mais la stratégie est la même !
Ainsi, le FMI est au Sénégal ce qu’est le « Pak Lambaye » : un négociant implacable, maître du rapport de force, qui ne perd jamais. Jamais… jusqu’à l’avènement de Sonko l’inflexible ?
Alioune Badara Sarr (ABS)
PASTEF Grand-Dakar
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