Dakar, 22 oct 2025 (VIBRACTU) – L’affaire Madiambal Diagne, du nom du journaliste et homme d’affaires sénégalais arrêté en France, entre dans une phase décisive. Le 28 octobre, la justice française devra statuer sur la demande d’extradition introduite par l’État du Sénégal. Poursuivi pour association de malfaiteurs, escroquerie sur les deniers publics et blanchiment de capitaux, Madiambal Diagne reste libre sous contrôle judiciaire après la confiscation de son passeport. Son épouse et ses deux fils sont détenus à Dakar dans le même dossier de rétrocommissions présumées impliquant la société française Ellipse Projects.
1er scénario : le refus d’extradition.
La chambre de l’instruction peut rejeter la demande sénégalaise pour raisons politiques, humanitaires ou liées aux droits humains. Ce fut le cas du Burkinabè François Compaoré, frère de l’ex-président Blaise Compaoré, dont la France a refusé l’extradition en 2020. Même issue pour le Camerounais Paul-Éric Kingué, ex-maire et opposant politique, dont la demande d’extradition fut jugée non fondée en 2015. À l’échelle mondiale, Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, a lui aussi évité son transfert vers les États-Unis grâce à des recours appuyés sur la liberté d’expression.
2e scénario : l’extradition validée.
Si la cour d’appel rend un avis favorable, la décision finale revient au gouvernement français. Le Premier ministre signe alors un décret d’extradition, sur proposition du ministre de la Justice et souvent après consultation du ministère des Affaires étrangères. Ce décret n’est toutefois pas automatique. Exemple : François Compaoré avait obtenu un avis favorable en 2018, mais le décret n’a jamais été signé, ce qui a bloqué son transfert.
À l’inverse, feu Hissène Habré, ex-président du Tchad, exilé au Sénégal, fut bien extradé vers un tribunal africain après validation politique, tout comme Ahmat Mahamat Bachir, ex-ministre tchadien extradé en 2021.
3e scénario : le report ou la suspension.
Ce cas s’applique aux dossiers sensibles ou complexes, où les recours de la défense peuvent prolonger la procédure. Ce fut le cas du Congolais André Okombi Salissa, dont l’extradition a été suspendue plusieurs fois, et de Charles Blé Goudé, ex-ministre ivoirien, resté en liberté surveillée aux Pays-Bas avant son acquittement par la CPI. À l’international, le réalisateur franco-polonais Roman Polanski, recherché par les États-Unis depuis 1978 pour une affaire d’abus sexuel sur mineure, a bénéficié de la même situation : arrêté plusieurs fois, jamais extradé, grâce à des décisions judiciaires protectrices et à l’absence de décret exécutif.
Pour Madiambal Diagne, ces trois scénarios restent possibles. Ses avocats et souteneurs affichent leur confiance, convaincus que la justice française tiendra compte du caractère sensible d’un dossier mêlant droit, diplomatie et politique.
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