(Portrait) – Abdoulaye Mady Ndiaye : l’homme qui a donné des ailes à son rêve

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Dakar, 24 oct 2025 (VIBRACTU) – Dans l’univers feutré mais exigeant de l’aéronautique, certains noms résonnent comme des symboles de précision et de vision. Celui d’Abdoulaye Mady Ndiaye fait partie de ces trajectoires rares, où la passion du ciel croise la rigueur de la science et l’audace du rêve. Ingénieur, pilote, penseur et bâtisseur, il appartient à cette génération d’Africains pour qui l’excellence n’a jamais connu de frontière.

Né à Thiès, Abdoulaye grandit dans un environnement où l’effort, la curiosité et la discipline étaient des repères immuables. Élève surdoué, il décroche en 1984 son baccalauréat scientifique au lycée Van Vollenhoven de Dakar, classé parmi les cinq meilleurs élèves du pays. Sa récompense : une bourse d’excellence offerte par le président Abdou Diouf et le Fonds d’Aide et de Coopération.

Direction Toulouse, à l’École Nationale de l’Aviation Civile (ENAC). Là, il découvre le mariage parfait entre la rigueur scientifique et la beauté du vol. En 1989, il en sort diplômé ingénieur et pilote, avec une idée fixe : l’Afrique aussi doit pouvoir concevoir et construire ses propres avions.

Son premier décollage professionnel s’effectue chez Rockwell Collins, fleuron américain de l’avionique. Il y participe à des innovations majeures : la première certification mondiale d’un réseau IP embarqué et le premier écran LCD à bord d’un avion commercial, un Airbus A300-600 de DHL.
Ces premières victoires technologiques signent le début d’une carrière internationale. À chaque étape, Abdoulaye se fait remarquer pour son sens du détail, sa précision d’horloger et sa capacité à fédérer.

Chez Thales Avionics UK, il devient l’un des tout premiers directeurs de programmes internationaux après la fusion avec Racal.« Abdoulaye a apporté une approche claire et a établi un esprit d’équipe efficace entre le Royaume-Uni et la France », souligne Paul Kahn, président d’Airbus UK.

Cette aptitude à bâtir des ponts entre les cultures et les disciplines le propulse au cœur de programmes aéronautiques d’envergure : Airbus A320, A330/A340, MRTT, Nimrod MRA-4 ou encore C-295.

Pour Fabio Ruta, directeur des projets SESAR chez Leonardo, « Abdoulaye est un homme ouvert d’esprit, doté d’une solide expérience à l’échelle mondiale. Il marie un savoir-faire technique exceptionnel à de grandes capacités diplomatiques et de négociation. »

Visionnaire et structuré, Abdoulaye s’impose comme un maillon essentiel dans la coopération transatlantique entre Thales et les géants américains de la défense et du transport aérien.

En 2012, il prend les commandes de l’EUROCAE, l’Organisation européenne pour l’équipement de l’aviation civile.
L’institution, alors en turbulence, retrouve altitude et stabilité sous sa direction. Il en assainit les finances, double sa taille, diversifie ses activités et trace une feuille de route claire pour l’intégration des drones dans l’espace aérien européen.

« C’est un professionnel engagé, rigoureux et persistant, qui cherche toujours à se développer et à faire grandir les autres », témoigne Jim Koyne, expert des systèmes aériens pilotés à distance.
« Son engagement personnel a posé les bases d’une intégration réussie des drones dans l’espace aérien civil », ajoute le témoin.

Derrière sa discrétion, Abdoulaye cache une exigence inébranlable. « C’est un leader de première classe, un mentor et un homme d’honneur. Il ne laisse rien au hasard et inspire confiance par sa maîtrise et son sens du détail », affirme Bruce Georgia, ancien cadre de l’armée américaine.

Cette rigueur est aussi saluée par Moses Koyabe : « Une valeur ajoutée certaine à toutes les organisations qu’il a rejointes. Un stratège du développement international, doté d’un excellent relationnel et d’un rare sens du collectif. »

Et Graham Smart, président de Renaissance Strategic Advisors, d’ajouter : « Abdoulaye est un acteur international du développement, animé d’un profond esprit d’équipe et d’un sens du détail impressionnant. »

L’Afrique comme ligne d’horizon

Malgré une carrière solidement ancrée en Europe, Abdoulaye n’a jamais tourné le dos à l’Afrique. Il croit à un continent maître de ses technologies, acteur de ses propres transformations.
Aujourd’hui, il pilote la création d’un groupe industriel africain dédié à la formation technique, à la surveillance aérienne, à la maîtrise territoriale et à la montée en compétence des ingénieurs du continent.

Il résume souvent son engagement en une phrase devenue devise : « Avant de demander un résultat à quelqu’un, il faut d’abord lui donner mandat. L’Europe nous a fait confiance, et nous avons construit des avions plus sûrs pour le monde entier. »

Depuis Bordeaux, où il vit avec son épouse Isabelle et leurs quatre enfants, dont l’aîné suit ses traces à Polytechnique ParisTech (ENSTA), Abdoulaye Mady Ndiaye regarde vers l’avenir avec la même curiosité qu’à ses débuts.
Trois projets majeurs occupent son horizon.

Le premier, un livre monumental de 900 pages sur l’ingénierie des systèmes complexes, destiné à devenir une référence mondiale.
Le deuxième, un Institut de Hautes Études en Ingénierie des Systèmes Complexes à Thiès, sa ville d’origine, pour former la nouvelle génération d’architectes du progrès.
Le troisième, une compagnie aérienne sénégalaise, moderne, durable et compétitive, pensée pour faire décoller l’Afrique sur les routes du monde.

De Thiès à Toulouse, de Thales à l’Afrique, Abdoulaye Mady Ndiaye incarne la symbiose rare entre la précision du pilote et la vision du stratège.
Un homme qui a su transformer la complexité en art, et le rêve en trajectoire.

L’ingénieur sénégalais qui, littéralement, a donné des ailes à son rêve, et à tout un continent.

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