Dakar, 11 nov. 2025 (VIBRACTU) – Le mouvement de colère des travailleurs de l’hôtel Radisson de Diamniadio a pris indirectement une tournure tragique. L’un des leurs, Macoumba Sy, figure syndicale respectée et pilier du collectif, a perdu la vie jeudi dernier dans un accident de moto sur la route reliant les sorties 9 (Sédima) et 10 (Sangalkam). Il se rendait, comme à son habitude, sur les lieux de la grève pour rejoindre ses collègues mobilisés depuis plus de deux mois.

Selon Oumar Dia, délégué du personnel, le défunt passait régulièrement trois à quatre jours sur le site, avant de rentrer brièvement chez lui pour se changer. Mais ce jeudi, Macoumba Sy n’a pas eu le temps de revenir au « champ de combat ». Son accident a endeuillé ses camarades, toujours déterminés à défendre leurs droits.

Sur le terrain, l’hôtel Radisson de Diamniadio n’est plus qu’une coquille vide. Les travailleurs y campent depuis 63 jours, refusant de quitter les lieux par crainte que la direction, toujours entre les mains de gérants turcs, ne scelle les portes et ne les accuse d’abandon de poste.

D’après leurs témoignages, ces gérants auraient détourné la clientèle du Radisson vers un autre établissement, l’hôtel Courtyard, qu’ils exploitent également. Résultat : plus aucune activité au Radisson, propriété de l’État du Sénégal, qui perd ainsi des revenus importants issus des redevances liées au taux d’occupation.

Le bras de fer a commencé lorsqu’un projet de « redressement économique » a visé 19 employés pour un départ négocié. Le syndicat a rejeté la proposition, estimant que les indemnités proposées n’étaient pas fixées d’un commun accord. En réaction, la direction a procédé à des licenciements, déclenchant la grève actuelle.

Aujourd’hui, plus de 140 pères et mères de famille voient leur avenir suspendu à ces discussions en cours entre les représentants des travailleurs, le ministre du Tourisme et d’autres autorités compétentes.

Plusieurs figures politiques et syndicales, dont les députés Pape Djibril Fall et Guy Marius Sagna, ainsi qu’une délégation du PIT et plusieurs centrales syndicales, se sont déjà rendues sur place pour exprimer leur solidarité.

Le défunt Macoumba Sy, lui, n’assistera pas à la fin de ce combat qu’il a mené avec courage et fidélité.
Mais sa disparition renforce, pour ses camarades, la conviction qu’ils doivent tenir bon, jusqu’à ce que justice soit rendue à tous les travailleurs du Radisson.